Michel Poiccard vole une voiture à Marseille et prend la route pour Paris. Il doit y toucher une certaine somme d'argent pour un travail dont il ne dira rien. Mais il a trouvé, dans la boite à gants de la voiture, un revolver et, quand il est sifflé par un motard, puis rattrapé, il tire...
Arrivé à Paris, il se met à la recherche d'une fille, Patricia Franchini, qui, rêvant de devenir journaliste, se contente de vendre le New York Herald Tribune sur les Champs-Elysées. S'installant dans la chambre de Patricia, Michel, à son retour, apprend qu'elle est enceinte et discute longuement avec elle, tout en téléphonant régulièrement pour avoir un certain Antonio.
Ils se rendent ensuite à un parking où Michel vole une nouvelle voiture : mais les journaux publient sa photo, "le meurtrier de la RN 7 reste insaisissable" et quelqu'un le reconnaît.
Patricia, à Orly, assiste à la conférence de presse du romancier Parvulesco, tandis que Michel obtient son rendez-vous, pour toucher son argent, d'un nommé Mansard. Mais la police a retrouvé la trace de Michel et Patricia le dénonce. Il est abattu alors qu'il tente de s'enfuir.
All Blues (Miles Davis) [/center]
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liliane Admin
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Sujet: Re: A BOUT DE SOUFFLE - 1959 Dim 1 Mar - 16:57
La grande Histoire du Cinéma mondial, il y a 1958 et 1960. Avant et après. C'est, bien entendu, le milieu qui compte. Un vrai phare dont le rayon porte loin, très loin, à l'infini : l'année 1959.
Cette année là, deux films changent la face du Cinéma et le devenir de bon nombre de futurs très grands réalisateurs (Spielberg, Scorcese, Jarmush, Carax, Wong Kar-Wai, pour ne citer qu'eux). Les deux films sont français, tous deux en noir et blanc, tous deux écrits par deux copains des "Cahiers du Cinéma". Le premier, Les 400 coups, est signé François Truffaut, le second, A Bout de souffle, Jean-Luc Godard (sur une idée de Truffaut).
On appelle ça "La Nouvelle Vague" (dont un autre grand prêtre, Claude Chabrol, qui avait ouvert le bal avec "Le Beau Serge", est conseiller technique sur le film de Godard). Et cette vague, trente ans plus tard, n'a toujours pas fini de briser son rouleau et de tout emporter sur son passage.
Oui, A BOUT DE SOUFFLE n'a rien perdu de son éclat, ce qui reste le propre de tout vrai joyau. Ce film est demeuré tel qu'au premier jour, un miracle, électrisé par un de ces couples de légende que le Cinéma aime à nous réserver parfois :
Jean-Paul Belmondo, sa clope aux lèvres, son chapeau à la Bogart de guingois, sa gouaille, son je-m'en-foutisme, sa muflerie, sa lippe, ses moues-pour-rire, son doigt passé sur les lèvres, comme Humphrey, encore lui...
La délicieuse Jean Seberg, jeune Américaine de 21 ans, ses cheveux coupés courts, très courts, ses deux tenues au choix, t-shirt moulant (" Pourquoi ne portes-tu jamais de soutien-gorge ?" lui demande Michel /Bébel), pantalon-corsaire, ballerines, ou robe évasée à rayures... Le voyou et la sirène... Ils resteront uniques, on les aime tant !
Dès son premier film, Godard nous montre bien qu'il ne faut pas compter sur lui pour le réalisme. Voyez Patricia/Jean Seberg déambuler sur les Champs-Elysées, ses journaux sous le bras. Et que se passe-t-il ? Rien ! Alors qu'en "vrai", dans la vie sérieuse, tous les hommes se précipiteraient pour lui acheter ses exemplaires du "New York Herald Tribune" !
Qu'importe qu'on soit à Paris et que le journal soit américain. Vous l'avez entendue scander à la cantonade le nom de son journal, de son accent si craquant ? Oui, en vrai, les hommes se rueraient rien que pour la voir leur sourire... Mais le seul qui lui en prenne un est l'homme qui l'aime (Michel), avant de le lui rendre une minute plus tard "parce qu'il n'y a pas d'horoscope"...
Les grands films ayant réellement révolutionné le 7ème Art, ceux qui ont su créer ce "avant" et ce "après" eux, se comptent peut-être sur les doigts d'une seule main: "Naissance d'une Nation", Le Cuirassé Potemkine, Citizen Kane, A BOUT DE SOUFFLE... Pas vache, je vous laisse le choix pour le cinquième, même si j'ai bien une petite idée personnelle là-dessus...
GODARD voulait réaliser une sorte de polar noir à l'américaine. Il a tout réinventé et a créé un nouveau genre: le GODARD. Il ose tout, il provoque, il filme comme on parle, il s'amuse et amuse, les raccords ne sont pas bons, les idées se suivent et ne se ressemblent jamais, il va de rupture en rupture, il traque la fugacité, l'éphémère, et nous offre une fin qui, à elle seule, place son film tout en haut des oeuvres cultes... Et surtout, il insuffle à son film ce qui le rend si attachant : la LIBERTE et la JEUNESSE... A chaque vision de ce film, on se sent plus intelligent et plus heureux. Peut-être plus heureux de se sentir plus intelligent...
Alors, merci J.L.G. !
liliane Admin
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Sujet: Re: A BOUT DE SOUFFLE - 1959 Dim 1 Mar - 17:08
JEAN-LUC GODARD
Né en 1930 à Paris, de nationalité Suisse, Jean-Luc GODARD n'a pas 30 ans lorsqu'il réalise son premier long-métrage, A BOUT DE SOUFFLE. A l'époque, il est connu comme l'un des critiques des "Cahiers du Cinéma". Son coup d'essai n'est pas un coup de maître, mais un chef d'oeuvre !
Les années 60, "Nouvelle Vague" oblige, seront les années GODARD. Bien sûr, A BOUT DE SOUFFLE scandalise, davantage pour des raisons cinématographiques que pour autre chose. C'est que la manière de filmer de Godardest tout simplement révolutionnaire.
Il tourne film sur film, dont deux autres films-cultes, LE MEPRIS (1963) et PIERROT-LE-FOU (1965). Après ce dernier, il divorce d'Anna KARINA, son actrice-fétiche qu'il avait épousée quatre ans plus tôt.
D'autres films de cette période restent en mémoire : LE PETIT SOLDAT (1960), "UNE FEMME EST UNE FEMME" (1960), LES CARABINIERS (1963), "ALPHAVILLE" (1965), "MASCULIN-FEMININ" (1966), "DEUX OU TROIS CHOSES QUE JE SAIS D'ELLE" (1967), "LA CHINOISE" (1967), "ONE PLUS ONE" (1969). Il se politise (MADE IN USA, 1966) et dénonce régulièrement dans ses films la guerre du Vietnam qui n'en finit plus.
Les années 70 seront toujours aussi prolifiques mais moins "accessibles" au grand public. La provocation Godardienne et son goût de l'expérimentation enferment son auteur dans un certain isolement et dans ce qu'on appelle "le Cinéma d'intervention".
Pourtant, il remporte un vrai succès public avec "SAUVE QUI PEUT(LA VIE)" en 1979. C'est le signe d'un nouveau départ, concrétisé par "PASSION" (1982), "PRENOM CARMEN" (1983), "JE VOUS SALUE MARIE" (1984) avec lequel il prouve qu'il sait encore faire scandale (Marie basketteuse, Joseph chauffeur de taxi), "DETECTIVE" (1985), "NOUVELLE VAGUE" (1989), "ALLEMAGNE NEUF ZERO" (1990), "HELAS POUR MOI" (1993), "JLG/JLG" (95), "HISTOIRE(S) DE CINEMA" (95), "FOREVER MOZART" (96). En 2001, il présente "ELOGE DE L'AMOUR" au 54ème Festival de Cannes.
liliane Admin
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Sujet: Re: A BOUT DE SOUFFLE - 1959 Dim 1 Mar - 17:26
Jean-Paul BELMONDO
Né le 9 avril 1933 à Neuilly-sur- Seine, fils du célèbre sculpteur Paul Belmondo. Tout le monde le sait, Bébel aurait pu devenir boxeur. Il a brièvement essayé en 1949, il n'avait alors que 16 ans.. Mais l'année suivante, il fait ses débuts sur scène et préfèrera y faire carrière plutôt que sur un ring. Qui s'en plaindra ?
Elève au Conservatoire puis, vers 1956-57, le voilà sur les routes de la région parisienne et de province en compagnie d'Annie Girardot et de Guy Bedos avec qui il a monté une troupe.
Parallèlement, il fait ses débuts à l'écran. Pas de premier rôle mais il joue sous la direction de Marc Allégret, Marcel CARNE ou... Jean-Luc GODARD pour un Court-métrage, "Charlotte et son Jules" (1958). Son physique, à l'inverse de celui des DELON ou BRIALY, avec son nez de boxeur et ses lèvres épaisses ne le prédispose pas aux rôles de jeune premier. Mais l'année suivante, bing ! gros lot ! Il est pour toujours Michel POICCARD dans A BOUT DE SOUFFLE le chef d'oeuvre de Jean-Luc GODARD, et devient du jour au lendemain une star et l'acteur fétiche de la Nouvelle Vague. Il enchaîne d'ailleurs avec un CHABROL, "A DOUBLE TOUR" où il a su remplacer Jean-Claude Brialy, malade. Belmondo incarne alors à merveille un nouveau type de héros, solitaire, dur, flirtant sans cesse avec la mort qu'il semble toujours mépriser, avec quelque chose d'anarchiste, de provocateur, de drôle aussi. Même gangster, il n'est jamais antipathique.
Il donne la réplique à Lino VENTURA dans l'excellent CLASSE TOUS RISQUES (Claude Sautet,1960), puis, la même année à Jeanne MOREAU dans "MODERATO CANTABILE" de Peter Brook, adapté de Marguerite Duras (1960).
Il commence aussi à alterner tournages en France et en Italie. Ce sont: LA CIOCIARA (Vittorio DE SICA, 1961), LA VIACCIA (Mauro Bolognini, 61), "LEON MORIN, PRETRE" où il casse son image (J.P.MELVILLE, 61), "UNE FEMME EST UNE FEMME" où il retrouve GODARD (61), "UN NOMME LA ROCCA" (Jacques Becker, 61), "CARTOUCHE", son premier succès en costume (Philippe de Broca, 61)...
Il joue au côté de Jean Gabin dans "UN SINGE EN HIVER" (Henri Verneuil, 62), tourne deux nouveaux films avec Jean-Pierre MELVILLE, le formidable LE DOULOS et "L'AINE DES FERCHAUX" (tous les deux en 1962). Il devient aussi un spécialiste des films d'aventures, à action, dans lesquels il ne se fait jamais doubler, ce qui deviendra comme une marque de fabrique frisant parfois, avec le temps, la caricature: L'HOMME DE RIO (Philippe de Broca, 64), "LES TRIBULATIONS D'UN CHINOIS EN CHINE" (Philippe de Broca, 65).
Cette même année 65, troisième collaboration avec GODARD pour un nouveau film au devenir culte: PIERROT LE FOU . On n'oubliera pas son couple avec Anna Karina, son visage peint en bleu, les bandes de dynamite dont il s'entoure entièrement avant de se faire sauter...
Quelques films intéressants suivront, parmi ceux-ci "LE VOLEUR" (Louis Malle, 67), LA SIRENE DU MISSISSIPI, pourtant boudé à sa sortie, le seul film tourné sous la direction d'un autre "grand" de la Nouvelle Vague, François TRUFFAUT (1969).
Bébel prend alors un tournant dans sa carrière. Il choisit désormais des films "grand public", commerciaux, alternant films de gangsters ou de flics et comédies. Le public suit, la critique grimace, regrettant le Belmondo des années 60. Lui s'en moque, s'amuse et devient plus que jamais le N°1 dans le coeur des Français, en constante concurrence avec Alain DELON dont la carrière suit à peu de choses près la même évolution. Les deux hommes produisent et tournent ensemble "BORSALINO" (Jacques Deray, 71), comme pour officialiser leur nouvelle carrière. Ils se retrouveront, pour un come back commun innatendu, en 98, sous la direction de Patrice Leconte et au côté de Vanessa Paradis dans UNE CHANCE SUR DEUX. Hélas pour eux, le film sera un échec (logique et mérité).
1999 le voit tourner "PEUT-ETRE" sous les ordres de Cédric Klapisch, puis LES ACTEURS avec Bertrand Blier.
Depuis déja pas mal d'années, BELMONDO a effectué avec succès un retour au théâtre (en devenant notamment propriétaire du Théâtre des Variétés) que Delon, lui, n'a pas su faire.
liliane Admin
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Sujet: Re: A BOUT DE SOUFFLE - 1959 Dim 1 Mar - 17:39
Jean SEBERG
Américaine, Jean SEBERG naît le 13 novembre 1938 à Marshalltown, Iowa. Complètement inconnue, elle est choisie à 17 ans par Otto PREMINGER pour incarner Jeanne d'Arc dans "SAINTE JEANNE".
Elle enchaîne avec un autre film du même réalisateur, "BONJOUR TRISTESSE", adapté du roman d'une autre "jeune", Françoise Sagan. Les deux films sont des échecs. Mais ils propulsent Jean SEBERG vers ce qui sera LA référence de toute sa (courte) carrière: A BOUT DE SOUFFLE.
GODARD la filme comme une jeune Américaine à l'étranger, au caractère incorruptible et à la tranquille amoralité. La France entière tombe sous le charme de sa beauté juvénile, encore renforcée par ses cheveux courts, par son accent américain, par son jeu plein de naturel.
Après quelques films qui ne marquent guère les mémoires, elle trouve un second très grand rôle dans "LILITH" de Robert Rossen, en 1964. Elle y incarne une belle et jeune schizophrène, vivant dans un luxueux asile psychiatrique et qui séduit un thérapeute. A la suite de ce film, elle a tendance à être stéréotypée dans des personnages de jeune femme et d'épouse tricheuse, déséquilibrée et sophistiquée ("CHOC", Mervyn LeRoy, 65; "A FINE MADNESS", Irwin Kershner, 66; "PENDULUM" (G.Schaefer, 69).
Elle tourne aussi à nouveau en France, notamment avec Claude CHABROL ("LA LIGNE DE DEMARCATION", 66 et "LA ROUTE DE CORINTHE", 67). En 1968, elle joue sous la direction de l'écrivain Romain Gary qu'elle a épousé cinq ans plus tôt, dans "LES OISEAUX VONT MOURIR AU PEROU".
Les années 70 vont être un enfer pour elle. Le FBI la persécute littéralement pour son soutien à la cause des Black Panthers. Son état mental se dégrade, tout va de travers, elle fait une fausse couche, divorce. Afin de fuir le FBI, elle tourne davantage en Europe, interprète des rôles autobiographiques, comme dans "LES HAUTES SOLITUDES" (Philippe Garrel, 74) où elle est une actrice américaine activiste de gauche et vivant en exil...
Elle est retrouvée morte dans sa voiture, à Paris, apparemment suicidée, le 31 août 1979, un bien triste jour. Elle allait avoir 41 ans. Sa mort demeure aujourd'hui encore un mystère .
liliane Admin
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Sujet: Re: A BOUT DE SOUFFLE - 1959 Dim 1 Mar - 17:45
PLANS & SEQUENCES
. Belmondo, au volant, se tourne vers la caméra-passagère et nous assène: "Si vous n'aimez pas la mer... si vous n'aimez pas la montagne... si vous n'aimez pas la ville... Allez-vous faire foutre !".
. Michel et une photo de "Bogey" se toisent à la devanture d'un cinéma qui affiche le film au titre prémonitoire, "Plus dure sera la chute" (dernier film tourné par Bogart).
. Le mot "dégueulasse" qui revient comme un leitmotiv: Françoise traite Michel de dégueulasse, Michel traite (deux fois) Patricia de dégueulasse, le romancier Parvulesco (J.P. Melville) traite Chopin de dégueulasse... et puis , bien sûr, la fin (cf. plus loin)...
. La silhouette (à la Hitchcock) et la voix de Godard himself, premier dénonciateur de Michel qu'il a reconnu grâce à une photo de "France-Soir".
. Celle de fin. La mort de Michel après une double course échevelée, la sienne et celle de Patricia vers lui. Allongé sur le dos, trois dernières moues, une ultime phrase murmurée à Patricia, "Tu es dégueulasse", sa propre main qui ferme ses yeux. Et Patricia demande: "Qu'est-ce qu'il a dit ?". Le flic répond: "Il a dit, Vous êtes vraiment une dégueulasse". Et Patricia insiste, "Qu'est-ce que c'est, dégueulasse ?". Puis, ses yeux plantés dans les nôtres, elle passe son pouce sur ses lèvres, à la Michel-Bogard. Sublime.
REPLIQUES
. Les questions de Patricia assénées à longueur de film, "Qu'est-ce que c'est ?" ou "C'est quoi ?" : l'horoscope, gazer, faire la tête, plaquer, dingue, trouillard, minouche et... dégueulasse.
. Une jeune fille essaie de vendre à Michel un exemplaire des... "Cahiers du Cinéma" en lui demandant: "Vous n'avez rien contre la jeunesse ?". Michel répond: "Si, moi j'aime bien les vieux".
. Michel à Patricia: "Hélas, hélas, hélas ! J'aime une fille qui a une très jolie nuque, de très jolis seins, une très jolie voix, de très jolis poignets, un très joli front, de très jolis genoux... mais qui est... lâââââche !", avant de la congédier (elle a rendez-vous), "Fous le camp, je ne veux plus te voir... Fous le camp, dégueulasse !".
. Patricia: "I don't know if I am unhappy because I am not free, or I am not free because I am unhappy"... ("Je ne sais pas si je suis malheureuse parce que je ne suis pas libre, ou si je ne suis pas libre parce que je suis malheureuse...").
. Patricia à Michel: "Je voudrais penser à quelque chose, et je n'arrive pas."
. Michel à Patricia: "Les femmes ne veulent jamais faire en 8 secondes ce qu'elles veulent bien faire 8 jours après... Ça revient au même 8 secondes ou 8 jours. Ou alors pourquoi pas 8 siècles ?".
. Michel à Patricia (après qu'elle lui ait annoncé être peut-être enceinte de lui) : "Tu aurais pu faire attention !"
. Michel, toujours à Patricia: "Vous êtes cons, les Américains... La preuve, c'est que vous admirez La Fayette et Maurice Chevalier, et qu'il sont justement les plus cons des Français...".
. Un journaliste: "Qu'est-ce qui est le plus moral, d'une femme qui trahit ou d'un homme qui abandonne ?"... Réponse de Parvulesco (J.P Melville): "La femme qui trahit..." [Patricia, qui participe à la conférence de presse, trahira Michel].
. Patricia à Parvulesco: "Quelle est votre plus grande ambition dans la vie ?"... Réponse: "Devenir immortel... et puis... mourir."
Merci à :
http://pserve.club.fr/aboutdesouffle.htm
liliane Admin
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Sujet: Re: A BOUT DE SOUFFLE - 1959 Ven 11 Juin - 11:32
Mercredi 9 Juin 2010
They LOVE «A bout de souffle»
Quiconque a déjà rencontré des Américains bobos a pu les entendre au moins une fois s'exclamer: «Oh my God you're French? I looove the French New Wave!» Si la France a célébré les cinquante ans de la Nouvelle Vague comme il se doit en 2009, l'Hexagone est resté cette année très silencieux tandis que la presse anglo-saxonne fête elle en fanfare le demi-siècle d'A bout de souffle, sorti en 1960.
A Bout de Souffle, c'est Jean-Paul Belmondo qui vole une voiture, se fait arrêter, panique, tue un policier, prend la fuite, mais rencontre une belle Américaine (Jean Seberg) apprentie journaliste dont il tombe amoureux et qui finira par...bref. Ce qui suit dévoilerait des moments clés de l'intrigue. Mais pourquoi en faire tout un foin? «What's the big deal?» s'interroge Seattle Pi qui «a mis son chapeau d'Humphrey Bogart» pour mener l'enquête. Le journal rappelle l'éloge critique qui n'a pas cessé pendant ces 50 ans, certains qualifiant le film de Jean-Luc Godard de début du cinéma moderne, d'autres comme le plus influent premier film depuis Citizen Kane. «A Bout de Souffle a tout influencé. Point final», commence Seattle Pi, comme découragé d'avoir à dresser la liste exhaustive des réalisateurs s'en étant inspirés, avant de reprendre:
Avec Les 400 coups de François Truffaut et Hiroshima,Mon amour d'Alain Resnais, A Bout de Souffle a établi ce qu'allaient être les éléments clés de toute la Nouvelle Vague: caméras à l'épaule, acteurs non professionnels, dialogue mi-improvisé, éclairage naturel, jamais de tournage studio, plans fixes, faux raccords et des jeunes rebelles aux modes de vies bohème pour acteurs principaux.
Or tout ça influencera directement les réalisateurs d'Hollywood des années 70 et ainsi de suite, jusqu'à la filmographie de Quentin Tarantino, par exemple, affirme Seattle Pi.
On se doute que cette pluie d'éloges «très 2010» n'avait pas d'équivalent en 1960. En guise de confirmation, le New york Times publie sa critique du lendemain de la première projection au cinéma, en 1960... une belle démonstration de conservatisme. «Amoral», «choquant», «vicieux», etc... L'auteur semble avoir épuisé tous les adjectifs dépréciatifs existants. Ce serait en effet «une vision sordide de la société française» autour de l'histoire de deux personnages «vraiment effrayants» avec un Jean-Paul Belmondo d'ailleurs «incroyablement laid». Immoral car «tournant principalement autour de l'érotisme» et d'une «jeunesse vagabonde, confuse, animale et je m'en foutiste», le film n'était, selon le journaliste, recommandable «ni aux enfants ni aux personnes sensibles». Quant à la manière de filmer qui rendra la critique plus tard dithyrambique, c'est une «cacophonie picturale», «un morceau de film cru».
Pour un autre retour dans le temps, The Guardian publie une interview de Raoul Coutard, directeur de la photographie d'A bout de souffle, 86 ans aujourd'hui, qui raconte le tournage, souvent improvisé ou sans permissions sur les boulevards, ses impressions sur les acteurs, et toute la nouveauté dont il ne saisissait à l'époque pas l'importance.