Un sujet qui fait et fera toujours débat :scratch:
Une idée reçue fortement répandue : la musique est un langage universel. Prenez l’excellent film Rencontre du troisième type de Spielberg : extra-terrestres et humains fredonnent de conserve la même ritournelle. La démonstration est faite, la communion des âmes passe par quelques accords bien sentis.
Les choses sont toutefois un peu plus compliquées. « Faites écouter du Bach à des Inuits, ils trouveront ça très mauvais. Pour eux, il y a bien trop de notes ! » Monique Desroches sait de quoi elle parle. Ethnomusicologue et directrice du laboratoire de recherche sur les musiques du monde à l’Université de Montréal, elle étudie, notamment, le jugement de valeur et l’appréciation musicale. Spécialiste du phénomène de la transe, elle déboulonne en passant plusieurs perceptions erronées sur cette coutume un peu mystérieuse, et sur notre propre rapport à la musique.
« On entend souvent dire qu’il y a des “ universaux ” en musique, c’est-à-dire des éléments communs à toutes les musiques du monde. C’est faux à l’échelle planétaire. En revanche, il existe bien des ancrages culturels, et certaines aires géographiques partagent des styles communs. » Mais attention, les barrières culturelles traversent volontiers les continents : un Zulu d’Afrique du Sud n’appréciera pas la même chose qu’un Marocain. « Bien sûr, avec la mondialisation, le phénomène de la “ Mcdonalisation ” de la musique est bien réel. Cependant, c’est un peu comme avec le Coca-Cola : ce n’est pas parce qu’il est répandu partout qu’il est apprécié partout ! » À méditer…
Rien d’universel
« Le goût musical est comme le goût culinaire : il ne va pas de soi. Tout est question d’éducation et d’habitudes, note-t-elle. On apprend progressivement à structurer son écoute pour avoir les bons codes d’apprentissage. C’est comme ça que les goûts se développent et se raffinent. » Un peu à la manière du premier café qui est souvent dur à avaler (en général, ça passe…), les styles musicaux ont besoin d’être apprivoisés pour être appréciés. Et aucun Québécois n’est programmé à la naissance pour aimer le rigodon : la chose vient (ou non !) avec l’entraînement, l’âge et la connaissance.
Si nos préférences musicales sont bien culturelles, il en va de même de notre manière de les manifester. « Il n’y a rien d’universel dans l’écoute de la musique. Ce sont des modèles de comportement culturellement bien ancrés. Nous, les Occidentaux, quand on aime un artiste, on se tait et on l’écoute. Demandez à Glenn Gould comment il savait que sa musique était appréciée : parce qu’il n’y a pas un bruit dans la salle ! Chez les Sud Américains, par exemple, c’est bien différent : on montre qu’on aime la musique en faisant du bruit et en bougeant ! »
une citation de Miles Davis
« La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer ce silence. »
Miles Davis